Revue de l'Association pour la Recherche Cognitive
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ISSN n° 0769-4113
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intellectica 1994/1, n° 18: Apprentissage et adaptation [retour table de matières]

 

Olaf DIETTRICH

Cognitive and Communicative Development in Reality Free Representation, Pages 71-111 [Texte en pdf]

Resumé: Dans une perspective constructiviste, l’évolution produit les conditions aux limites variables auxquelles elle est elle-même soumise. Ceci vaut aussi bien pour l’évolution organique que pour l’évolution cognitive. Les conditions considérées comme valables pour l’évolution cognitive sont généralement décrites en termes de lois de la nature, engendrées par une réalité indépendante. Dans l’épistémologie évolutionnaire constructiviste (CEE) les réalités que nous percevons et qui sont condensées dans les lois de la nature, sont par contre considérées comme des invariants d’opérateurs cognitifs constitués phylogénétiquement. L’extension d’opérateurs innés à des opérateurs expérimentaux (par les facilités de mesure), mènera à la consolidation de la vision classique du monde s’il s’avère que les deux opérateurs sont commutables. Dans le cas contraire, nous avons affaire à des invariants qui ne peuvent être décrits en termes classiques et qui, par conséquent, exigeront des théories non-classiques. De la même façon, les structures logiques et mathématiques peuvent être considérées comme des invariants d’opérateurs cognitifs. Dans ce sens, les propositions de Gödel traitent d’une analogie des phénomènes non-classiques en physique. Renoncer à la réalité en tant qu’élément d’une métathéorie physique, demande quelque réarrangement de notions qui font explicitement référence à la réalité, comme agir et percevoir, apprendre et adapter, et, partiellement, le langage. Il s’avère, entre autres, que la distinction entre agir et percevoir n’est pas ambiguë comme dans la “théorie de la réalité”. Parallèlement, nous pouvons concevoir l’apprentissage comme un processus d’adaptation à un environnement donné, mais nous pouvons aussi le voir comme un développement indépendant vers un état pour lequel un environnement aussi bien qu’une application appropriés restent à définir. Il apparaît que l’évolution “adaptative” et “initiative” sont présentes dans l’évolution organique aussi bien que culturelle. Dans la perspective CEE, le langage est considéré comme une théorie “générative”, plutôt que comme un outil qui permet de représenter des faits existant indépendamment. La compétence du langage est basée sur le fait qu’elle est générée par des mécanismes intimement liés à ceux qui génèrent nos perceptions sensibles. Une relation entre opérateurs mentaux, similairement fondée de façon génétique, permet aux mathématiques de compresser des données empiriques dans une théorie générative et de les extrapoler à partir de là (problème de l’induction). L’équivalent linguistique de la compression de données algorithmiques, et l’extrapolation qui s’ensuit, est la reconnaissance de la signification d’un texte, ainsi que le fait d’en tirer des conclusions, c’est-à-dire l’extrapolation sémantique. La communication peut être définie à partir de là. Nous établissons quelques parallèles entre la communication verbale, culturelle et génétique.

 

Cognitive and Communicative Development in Reality Free Representation

Abstract: Under the aspect of constructivism, evolution generates the varying boundary conditions to which evolution itself is then subject. This applies for organic as well as for cognitive evolution. The currently valid conditions for cognitive evolution are generally described as laws of nature brought about by an independent reality. Within the constructivist evolutionary epistemology (CEE), however, the regularities we perceive and which we condense to the laws of nature are seen as the invariants of phylogenetically formed cognitive operators. The extension of the inborn operators by means of experimental operators (i.e. by measurement facilities) will lead to the consolidation of the classical world picture if both are commutable. Otherwise there will be invariants which cannot be described in classical terms and, which therefore, will require non-classical theories. Likewise mathematical and logical structures can be seen as invariants of cognitive operators. It is shown that the propositions of Gödel would deal with what can be considered as the analogy of non-classical phenomena in physics. To renounce reality as an element of physical metatheory requires some rearrangements of those notions which explicitly refer to reality such as acting and perceiving, learning and adapting, and, partially, language. It turns out that the distinction between acting and perceiving is not unambiguous as it is in the "theory of reality". Similarly we can see learning as a process of adaptation to the given environment as well as an independent development into something for which an appropriate environment or application still has to be found. It will be shown that both "adaptive" and "initiative" evolution occur in organic as well as in cultural evolution. Within CEE, language is seen as a "generative" theory rather than as a tool to portray independently existing facts. Its competence is based on the fact that it is generated by mechanisms closely related to those generating our physical perceptions. A similar genetically grounded relationship between mental operators enables mathematics to compress empirical data into a generating theory, and then, based on this theory, to extrapolate them (problem of induction). The linguistic equivalent of algorithmic data compression and the subsequent extrapolation is the recognition of a text's meaning, and the subsequent drawing of conclusions from it, or semantic extrapolation as proposed to say. Accordingly, communication can be defined. Some parallels are discussed between verbal, cultural and genetic communication.


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