intellectica 2007/2-3, n° 46-47
Culture and Society: Some Viewpoints of Cognitive Scientists
Laurence Kaufmann, Fabrice Clément
Comment la culture vient à l'esprit. Des affordances sociales aux analogies culturelles
Résumé. Jusqu’à présent, les tentatives naturalistes visant à rendre compte des phénomènes culturels ont eu tendance à les appréhender comme des représentations qui se diffusent dans la population grâce à leurs propriétés contre-intuitives, qui retiennent l’attention et facilitent la mémorisation individuelle. En complément à cette perspective, qui présuppose une forme de distanciation cognitive entre les individus et leur culture, cet article propose un modèle naturaliste qui prend acte de la forte implication cognitive et de la posture, non pas contemplative mais participative, que provoquent bon nombre de phénomènes culturels. Un tel modèle tente de défendre une «vision continuiste» du lien entre nature et culture en remettant partiellement en question la focalisation traditionnelle des sciences sociales sur la dimension artificielle et arbitraire des faits sociaux. Pour les auteurs, en effet, cette focalisation ne rend pas compte de la naturalité et de l’universalité d’un certain nombre de formes sociales élémentaires. Une fois posée la naturalité partielle du social, l’objectif est alors de rendre compte de l’émergence des phénomènes culturels. L’hypothèse défendue ici est que les capacités analogiques, elles aussi naturelles, qui permettent aux esprits humains de «dériver» les formes culturelles du monde de la nature, qu’il soit physique ou social, jouent un rôle central dans l’élaboration d’une sphère de l’expérience collective qui est tout à la fois culturelle et intuitive.
Mots clés : Analogie, culture, cognition, forme sociale, naturalisme, affordance, idéologie.
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Laurence Kaufmann, Fabrice Clémen
How Culture Comes to Mind: From Social Affordances to Cultural Analogies
Abstract. Until now, the naturalist attempts to account for cultural phenomena have tended to see them as representations that spread within the population thanks to the counterintuitive properties making them salient and easy to remember. As a supplement to this view, which postulates a kind of cognitive distance between individuals and culture, this paper proposes a naturalist model that takes into consideration the strong cognitive involvement and the participative rather than contemplative stance triggered by a good many cultural phenomena. Such a model tries to defend a «continuist view» of the link between nature and culture by calling partially into question the traditional emphasis of social sciences on the artificial, arbitrary dimension of social facts. For the authors, indeed, this emphasis does not account for the naturality and universality of a certain number of elementary social forms. Once the partial naturality of the social is asserted, the purpose is to describe the emergence of cultural phenomena. The hypothesis put forward here is that analogical capacities, also natural, which allow human minds to «draw» cultural forms from the world of nature, either physical or social, play a central role in the elaboration of a sphere of collective experience that is both cultural and intuitive.
Key words : Analogy, culture, cognition, social form, naturalism, affordance, ideology