Revue de l'Association pour la Recherche Cognitive
Publiée avec le concours du CNRS


ISSN n° 0769-4113
Accueil
Comité de Rédaction
Instructions aux auteurs
Commandes et abonnements
Librairies
Archives en ligne
English version

Derniers numéros
Commande de numéro


Liens utiles
ARCo
Colloque ARCo-07
RISC
MSH Paris-Nord

intellectica

MSH Paris-Nord
4, rue de la Croix Faron
93210 Saint Denis

Tél. 01 55 93 93 06


 

intellectica 1993/1, n° 16: Biologie et Cognition [retour table de matières]

 

Victor ROSENTHAL

Cognition, vie et ... temps, Pages 175-207 [Texte en pdf]

Resumé: Quel sens donner à la proposition que la cognition est une propriété sui generis du vivant et quelles implications cela comporte-t-il pour notre compréhension de la cognition et de la vie ? L'examen de ces questions nous conduit au problème de l'hypothétique forme embryonnaire de la cognition et à celui de l'impossible autogénération de l'entendement en l'absence d'un certain nombre d'éléments préalables.
Trois thèses sont d'abord étudiées. Celle de Piaget, pour qui la cognition est à la fois la résultante de l'autorégulation organique et l'organe le plus différencié de cette régulation, s'avère insuffisante et contradictoire avec ses autres thèses sur le rôle des échanges sociaux et sur celui dévolu à l'action. Celle de Polanyi, pour qui la cognition implique la vie, en ce sens qu'elle présuppose un sujet connaissant (en ce qu'elle procède d'abord de son vécu) et que sa structure découle de celle du mode d'action vitale, paraît plus satisfaisante mais ne résout pas le problème des préalables. Toutefois ses analyses de la structure des savoir-faire et de la réciprocité de la conscience et du corps dans l'action nous seront très utiles par la suite. Enfin, la thèse du courant autopoiétique, qui soutient que la vie implique la cognition, au sens que tout couplage (ou interaction) de l'organisme avec son entourage implique une connaissance de cet entourage, nous fait progresser dans cette enquête, mais laisse non résolu le problème des préalables et se révèle problématique sur le plan de la temporalité de la vie et sur celui de l'ontogenèse.
En fait, ni la cognition (et avec elle le sens et la conscience) ni le vivant ne paraissent compréhensibles sans une notion de temps endogène qui seule permet au demeurant de thématiser la structure temporale des phénomènes logiques et de traiter le problème des préalables. Un nouveau concept nous semble nécessaire, celui d'autochronie : la vie est l'autogénération du temps, elle est temps. La relation de dépendance réciproque entre la cognition et la vie ne semble pas en effet pouvoir s'expliquer sans le concept d'autochronie ; ce qui marque le commencement d'une nouvelle analyse.

 

Cognition, Living Process, and... Time

Abstract: What sense are we to make of the proposition that cognition is a characteristic sui generis of living process and what implications does it hold for our understanding of both cognition and living process? The examination of these questions leads us to the issue of a putative elementary form of knowing and to the problem of the impossible self-generation of intelligence in the absence of certain a priori elements. Three theses are examined in this article. That of Piaget, for whom cognition is both the outcome of organic self-regulations and their most differentiated agent, appears unenlightening and turns out to be inconsistent with his proposal regarding the role of both social interaction and the individual's own action. Polanyi's position, for whom knowledge is imbedded in living process in the sense that it takes a knower (and proceeds from his personal experience) and that its structure is shaped by living process, seems more satisfactory but does not solve the problem of a priori elements. Yet, Polanyi's analyses of the structure of skills and of the reciprocal relationship holding between consciousness and body in all forms of action appear to be most useful. Finally, the thesis of Maturana and Varela, who posit that life entails cognition in the sense that any interaction of an organism with its environment involves knowledge of this environment, furthers our inquiry, but leaves unresolved the issue of a priori elements, and is problematic with respect to both the temporal dimension of living and ontogeny.
Neither cognition (as well as meaningfulness and consciousness) nor living process may be amenable to rational explanation without recourse to the notion of endogenous time which alone permits the thematization of the temporal structure of logical phenomena and allows us to deal with the problem of a priori elements. A new concept may thus be needed, the concept of autochrony. Life is self-generation of time, life is time. The scientific explanation of the relationship of the reciprocal dependence between knowing and living may critically require recourse to the concept of autochrony.


© 2010 Intellectica & Association pour la Recherche Cognitive