Revue de l'Association pour la Recherche Cognitive
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ISSN n° 0769-4113
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intellectica 1995/1, n° 20: Oralité : invariants énonciatifs et diversité des langues [retour table de matières]

 

M.M.Jocelyne FERNANDEZ-VEST

Morphogenèse orale du sens : de l'espace des langues aux objets de discours, Pages 9-53 [Texte en pdf]

Resumé: Les langues orales, révélatrices de propriétés significatives du langage humain, sont ici mises en rapport avec la problématique des relations entre langage et cognition. Une hypothèse forte, la motivation d'oralité, est partiellement vérifiée par l'observation des changements linguistiques qu'occasionne le passage de l'oral à l'écrit. La contextualisation inévitable des langues orales est le point de départ d'un raisonnement qui se fonde sur deux types d'opérations primaires, énonciatives (localiser, thématiser) et cognitives (identifier, catégoriser), pour montrer quels sont les modes d'élaboration discursive des repères de l'énonciateur. Les deux utilisations contextuelles majeures de l'espace (argumenter et naturaliser le discours) sont comparées, eu égard à la diversité des langues, plus ou moins spatialisantes ou thématisantes (exemples finno-ougriens et français). La différence entre oralité et écriture notamment illustre les notions de système et de processus, de même que la mise en discours de l'anthropophore (voir par ex. les conditions de distribution de la rection localisante vs. transitive). C'est enfin une position constructiviste qui est affirmée : l'analyse de la parole impromptue livre, avec le cheminement de la pensée, certains éléments de saisie des processus cognitifs qui sous-tendent la construction du sens. Les invariants énonciatifs devraient être au centre d'une réflexion consacrée à l'évolution des langues, en particulier aux chaînes de grammaticalisation, dont l'un des maillons est constitué précisément par les particules énonciatives, modulateurs du discours généralement empruntés au lexique démotivé de la deixis spatiale.

 

Oral morphogenesis of meaning : from space in languages to discourse objects

Abstract: Oral languages, already known to reveal significant properties of human language, are here connected to the problematics of relations between language and cognition. A strong hypothesis, the orality motivation, is partially verified through observing the linguistic changes that occur when an oral language is written. The necessary contextualization of oral languages is the starting point of a demonstration which relies upon two pairs of linguistic and cognitive operations (localizing / thematizing vs. identifying / categorizing) to show how a speaker selects and organizes reference points in discourse. The two main intentional uses of space in speech (how to argument and naturalize one's discourse) are related to the diversity of languages (more or less localizing, e.g. Finno-ugric vs. French) and contexts. Some differences between spoken and written language illustrate the notions of system and process, as well as the pragmatic use of anthropophoric markers (e.g. the locative vs. transitive constructions). A constructivist position is finally stated : the analysis of impromptu speech provides, together with the step by step progresses of thought, some access to the cognitive processes that underlie the construction of meaning. Discourse invariants should also be in the center of an investigation devoted to the evolution of languages, for instance through their chains of grammaticalization. An important link of these progression chains are precisely the discourse particles, often borrowed from the demotivated lexicon of spatial deixis.


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