L’exaltation de la mémoire : une approche bergsonienne des expériences de mort imminente
DOI: 10.3406/intel.2017.1868
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En 1896, dans son essai sur la relation du corps et de l’esprit, répondant au titre de Matière et mémoire, Bergson utilise l’étrange phénomène de la vision panoramique de la vie à l’appui de sa théorie des deux mémoires. Il développe à nouveau cet exemple dans son discours de président de la Society for Psychical Research en 1913 où il situe le déclencheur de cette exaltation de la mémoire non pas dans un simple déséquilibre sensori-moteur, mais dans une brusque démobilisation de « l’attention de l’espèce ». L’intérêt de Bergson pour ce phénomène est replacé, d’une part, dans le contexte scientifique de son époque et, d’autre part, dans sa théorie des deux mémoires. Puis nous prolongeons l’analyse bergsonienne à partir de données anciennes ou récentes portant plus largement sur les expériences de mort imminente. La vision panoramique de la vie et d’autres phénomènes associés sont intégrés dans une « expérience de la mémoire pure » ou « conscience désincorporée », dans laquelle est observée une distanciation des relations entre l’esprit et le corps. Les phénomènes d’automatismes intelligents et les performances physiques et intellectuelles favorisant la survie – des aspects des EMI méconnus de Bergson – montrent que la conscience désincorporée se complète d’une « expérience de la perception pure » ou « conscience hyperincorporée ». Celle-ci rend compte d’un rapprochement ou focalisation dans les relations entre l’esprit et le corps, dans le but pratique de survivre lors d’une confrontation à une menace perçue comme mortelle. La combinaison des deux consciences procède donc d’une disjonction de processus habituellement intriqués, suivie d’une nouvelle jonction souvent problématique lorsque prend fin la perception de la menace vitale.
Pour citer cet article :
Evrard Renaud (2017/2). L’exaltation de la mémoire : une approche bergsonienne des expériences de mort imminente. In Bottineau Didier & Grégoire Michael (Eds), Langage et énaction: corporéité, environnements, expériences, apprentissages, Intellectica, 68, (pp.257-289), DOI: 10.3406/intel.2017.1868.