Soumission libre

L’effondrement, une simple question de temps. Jean-Pierre Dupuy contre les collapsologues français

Declerck Gunnar
Macraigne Stève
Langue de rédaction : Français
DOI: n/a
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Nous nous proposons dans ce texte de revenir sur la critique que Jean-Pierre Dupuy, à partir du cadre théorique du catastrophisme éclairé, adresse à la collapsologie de Pablo Servigne et Raphaël Steven. Nous prêterons tout particulièrement attention à la question du régime ontologique et du statut épistémique de la catastrophe, ainsi qu’au type de temporalité nécessaire à son anticipation, c’est-à-dire son inscription à titre de possibilité dans l’avenir. Jean-Pierre Dupuy reproche notamment aux deux collapsologues français de fermer l’avenir en pensant la catastrophe – réinterprétée comme « effondrement des sociétés thermo-industrielles » – sous le régime épistémique de la certitude à partir de la caution supposée que fourniraient les données et modèles scientifiques. Si pour Dupuy la catastrophe, pour être prise au sérieux – constituer une possibilité effective pesant sur notre présent et nos décisions –, doit apparaître comme inéluctable et nécessaire, elle doit également – sous peine de nous faire basculer dans un fatalisme paralysant – conserver, à la manière d’un état quantique, une forme d’indétermination : elle ne peut en ce sens constituer une certitude, au sens de la prédiction scientifique. Après avoir présenté (parties 1 et 2) le catastrophisme de Dupuy et les arguments que celui-ci oppose à Servigne & Stevens, nous adopterons (partie 3) une perspective plus critique en examinant les présupposés ontologiques de la notion de catastrophe – ou d’effondrement – dont les deux partis font usage. Nous défendrons sur cette base que la querelle entre Dupuy et Servigne & Stevens repose sur un genre de quiproquo – qui transparait aussi bien dans la reprise que les deux collapsologues français font de la pensée de Dupuy que dans le rejet que ce dernier manifeste à l’égard de leur entreprise – et est dans cette mesure en bonne partie infondée. Nous esquisserons finalement, à partir de la prospective de Gaston Berger et la distinction entre événement et situation, un modèle alternatif pour penser l’effondrement et intégrer la perspective de la catastrophe à notre présent.



Pour citer cet article :

Declerck Gunnar, Macraigne Stève (2025/1). L’effondrement, une simple question de temps. Jean-Pierre Dupuy contre les collapsologues français. In Breton Hervé, Halloy Arnaud (Eds), Lieux et modes d’existence du savoir expérientiel : savoirs incorporés, savoirs situés, Intellectica, 82, (pp.245-273), DOI: n/a.