Perspective de cognition incarnée dans l’étude des tendances à l’approche/évitement
DOI: 10.3406/intel.2021.1988
pour télécharger gratuitement
Le comportement d’approche et d’évitement est une réponse étroitement liée à notre expérience sensorimotrice et constitue donc un bon exemple du caractère incarné de la cognition. Les premières tâches visant à mesurer les réactions d'approche/évitement ont cherché à reproduire l’expérience motrice associée à ces réactions en se focalisant sur les mouvements de flexion et d’extension du bras. De par la nature sensorimotrice de ces tâches, les effets d’approche/évitement produits étaient ainsi perçus comme des preuves en faveur de la cognition incarnée. Par la suite, la supériorité de tâches ne reposant pas théoriquement sur des caractéristiques sensorimotrices, l’ambiguïté des mouvements du bras quant à l'approche/évitement ou encore les échecs de réplication ont mené la littérature à quelque peu abandonner le cadre de la cognition incarnée dans l’explication théorique des effets d’approche/évitement. Cependant, ce cadre théorique ne se limite pas aux aspects moteurs de flexion et d’extension du bras. Récemment, notre équipe de recherche a réévalué l’intérêt du cadre théorique incarné dans l’étude des tendances à l’approche/évitement en revenant au cœur des propositions mises en avant par les modèles de cognition incarnée. Plus précisément, sur la base d’un modèle incarné de la mémoire à traces multiples, plus particulièrement le modèle Act-In, nous avons fait l’hypothèse que l’information sensorimotrice la plus prototypique de l’approche/évitement était d’une part visuelle et non motrice et d’autre part concernait des mouvements du corps dans son ensemble et non uniquement un mouvement de flexion/extension du bras. Pour ce faire, nous avons créé une nouvelle tâche basée sur l’information visuelle associée à un mouvement d’approche/évitement du corps dans son ensemble. Cette tâche a permis d’observer des effets d’approche/évitement de grandes tailles et réplicables. Cet axe de recherche permet d’illustrer que l’appui sur un modèle de la mémoire de cognition incarnée peut permettre de formuler des hypothèses claires et de produire des paradigmes robustes.
Pour citer cet article :
Julliard Yoann, Rougier Marine, Muller Dominique (2021/1). Perspective de cognition incarnée dans l’étude des tendances à l’approche/évitement. In Versace Rémy (Eds), Mémoire et cognition incarnée : comment le sens du monde se construit-il dans nos interactions avec l'environnement ? Intellectica, 74, (pp.125-139), DOI: 10.3406/intel.2021.1988.