Corps et Esprit : la logique du tantôt, tantôt chez Spinoza
DOI: 10.3406/intel.2012.1134
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D’après le scolie d’Éthique, II, 21 : « L’esprit et le corps, c’est un seul et même individu (individuum) que l’on conçoit tantôt (jam) sous l’attribut de la pensée, tantôt sous celui de l’étendue ». La conception de l’individu obéit donc à ce que l’on pourrait appeler une logique de l’alternance, une logique du tantôt, tantôt, qui invite à comprendre les choses tour à tour à partir de l’attribut étendue ou de l’attribut pensée. Or dans l’histoire du spinozisme, cette logique de l’alternance a souvent été laissée de côté au profit d’une logique de la correspondance ou de la corrélation, plus connue sous le nom approximatif de parallélisme. Sans remettre en cause celle de la correspondance, la logique de l’alternance a sa spécificité propre qu’il convient d’analyser. La possibilité de concevoir une chose tantôt sous l’attribut étendue, tantôt sous l’attribut pensée invite en effet à s’interroger sur les raisons du changement d’attribut et du passage de l’un à l’autre. Contrairement au schéma paralléliste, elle n’exclut pas a priori des dissymétries telles que l’on puisse peut-être dans certains cas mieux comprendre l’individu en se plaçant plutôt sous l’attribut pensée que sous l’attribut étendue ou l’inverse. Elle suggère aussi qu’il est possible de penser pleinement une chose sans forcément chercher à savoir ce qui lui fait pendant dans un autre attribut. C’est pourquoi il est nécessaire de se pencher sur cette logique intermittente du tantôt, tantôt, pour comprendre la nature de l’alternance et ses raisons d’exister.
Pour citer cet article :
Jaquet Chantal (2012/1). Corps et Esprit : la logique du tantôt, tantôt chez Spinoza. In Gillot Pascale & Garreta Guillaume (Eds), Les lieux de l’esprit, Intellectica, 57, (pp.69-80), DOI: 10.3406/intel.2012.1134.