Conscience, rêves et inférence : le théâtre cartésien revisité

Hobson J. Allan
Friston Karl J.
Langue de rédaction : Français
DOI: 10.3406/intel.2017.1839
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Cet article envisage le théâtre cartésien comme une métaphore des modèles de réalité virtuelle utilisés par le cerveau afin de réaliser des inférences concernant le monde. Ce point de vue provient de nos tentatives de comprendre la conscience pendant les rêves et en état de veille en termes de minimisation de l’énergie libre. Dans cette optique, le théâtre cartésien n’est pas observé par une audience interne homonculaire, mais fournit un lieu où des narrations et fantaisies fictives peuvent être mis en scène et testés par rapport aux données sensorielles. On considère que le cerveau est impérativement amené à inférer les causes de ses entrées sensorielles, à la manière des scientifiques qui sont amenés à tester des hypothèses relatives à des données expérimentales. Ceci reprend l’idée de Helmholtz concernant l’inférence inconsciente, et la conception de Gregory selon laquelle la perception consiste en la mise à l’épreuve d’hypothèses. Cependant, nous allons plus loin, et considérons que l’échantillonnage actif du monde correspond à l’accumulation de confirmations d’hypothèses basées sur notre réalité virtuelle. Le tableau qui s’en dégage, celui de la conscience comme inférence active, résout un certain nombre de problèmes ardus dans la recherche sur la conscience ; il est de surcroît cohérent avec les travaux actuels en neurosciences systémiques et en neurobiologie théorique. Ce formalisme présente un dualisme qui distingue le processus (conscient) d’inférence et le processus (matériel) qui sous-tend l’inférence. Cette séparation se reflète dans la distinction entre les croyances (distributions de probabilités qui recouvrent des états du monde cachés, la res cogitans), et les états physiques du cerveau (statistiques suffisantes, la res extensa) qui les encodent. Cette approche formelle nous permet de faire appel à des théorèmes simples mais fondamentaux, en théorie de l’information et thermodynamique statistique, qui dissolvent certains aspects mystérieux de la conscience.



Pour citer cet article :

Hobson J. Allan, Friston Karl J. (2017/1). Conscience, rêves et inférence : le théâtre cartésien revisité. In Dumas Guillaume & Fortier Martin & González Juan C. (Eds), Les états modifiés de conscience en question: anciennes limites et nouvelles approches, Intellectica, 67, (pp.139-164), DOI: 10.3406/intel.2017.1839.