Du languaging au sens linguistique

Bottineau Didier
Langue de rédaction : Français
DOI: 10.3406/intel.2017.1858
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La cognition énactive rejette de la notion de représentation comme explication principielle et causatrice du fait cognitif. Ceci pose d’emblée un problème pour l’étude du langage humain, que l’on appréhende habituellement comme l’étude des rapports entre des formes symboliques, des pensées individuelles et un monde de perception locale et de connaissance générale. La présente étude explore ce que devient la notion de sens linguistique une fois repensée dans le paradigme de l’énaction et sans présupposer les notions de monde et de pensée comme faits matériels et spirituels autonomes démunis de genèse. Elle repart du languaging en tant qu’energeia et activité incarnée, interactive et située, et de sa contribution à la constitution de l’expérience de la vie ordinaire en tant que production de sens et de monde vécu, avec ou sans parole instantanée. Elle précise la différence entre le questionnement posé au langage par la linguistique, qui le constitue en systèmes et objets formels, et l’approche énactive, qui l’envisage comme processus incarné et situé. Elle propose que du fait de cet inscription, le sens linguistique doit être pensé comme un phénomène émergent et en voie de distinction, plus ou moins fondu dans la situation immédiate par son rôle pragmatique, et plus ou moins distingué en tant que création sémantique autonome ; et elle introduit une typologie des classes de sens linguistique selon leur degré d’inscription ou d’autonomie relatives et de regard réflexif porté par les sujets parlants. Elle précise comment certaines composantes linguistiques de la parole et du discours (syntaxe, prosodie, lexique, morphèmes grammaticaux), redéfinies dans leur dimension processuelle, participent à la constitution du sens, et esquisse des perspectives en typologie linguistique. La conclusion précise le sens du languaging en tant que vecteur de la co-évolution liant l’espèce à son environnement par son langage, ses langues et ses discours.



Pour citer cet article :

Bottineau Didier (2017/2). Du languaging au sens linguistique. In Bottineau Didier & Grégoire Michael (Eds), Langage et énaction: corporéité, environnements, expériences, apprentissages, Intellectica, 68, (pp.19-68), DOI: 10.3406/intel.2017.1858.