L’émotion dans l’autisme : quelle gestion de son incarnation et de sa contextualisation ?
DOI: n/a
Le traitement des émotions est particulier dans le trouble du spectre de l’autisme : ce constat est consensuel. Pourtant les personnes autistes reconnaissent les expressions faciales des autres et peuvent y faire correspondre des émotions, du moins primaires. Le problème est de leur donner un sens, de les contextualiser. De même pour ce qui les concerne. Leurs ressentis sont confus car la plupart d’entre elles sont alexithymiques. Elles ressentent un état différent sans pouvoir l’attribuer aux circonstances ni le référer à une cause personnelle, ni le nommer. Peut-être ont-elles un abord simple du signal, dissocié de notre mentalisation des expériences internes qui l’accompagne. Pourtant ces mouvements parlent à notre amygdale qui réagit au signal avant d’en avoir identifié le medium. Cela est-il un argument décisif ? Un signal physique peut-il en lui-même véhiculer une signification psychologique ? La théorie de l’émotion construite interpelle les théories neurocognitives et neuroaffectives ainsi que l’option des signaux biologiques discrets. Peut-être la dissociation opérée dans l’autisme entre discrimination perceptive d’un mouvement du visage et expérience émotionnelle est-elle clé pour distinguer les différentes étapes de mentalisation auxquelles nous soumet l’émotion et que nous court-circuitons dans l’illusion d’un tout unifié ?
Pour citer cet article :
Nadel Jacqueline (2023/2). L’émotion dans l’autisme : quelle gestion de son incarnation et de sa contextualisation ? In Viaud-Delmon Isabelle, Chapouthier Georges (Eds), Au-delà de la cognition, les émotions, Intellectica, 79, (pp.29-38), DOI: n/a.