L’hallucination, entre modification et pathologie de la conscience
DOI: 10.3406/intel.2017.1835
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Un état de conscience est dit « modifié » (EMC) dès lors qu’il se différencie qualitativement de ce que le sujet considère comme normal. Cette référence à la normalité a cependant ceci de paradoxal que les EMC sont aussi souvent distingués des états de conscience pathologiques (ECP) qui sont pourtant eux-mêmes caractérisés par leur écart vis-à-vis de la norme. Ce faisant, l’étude des EMC se trouve face à un dilemme : rejeter arbitrairement les ECP hors de son champ d’étude ou accroitre l’extension d’un concept dont les limites sont déjà floues. Nous proposons d’aborder ce problème à partir de l’hallucination, dans la mesure où celle-ci peut être considérée à la fois comme un cas paradigmatique d’EMC et comme un objet central pour la psychopathologie. Nous montrons ainsi que dans le cas de l’hallucination non seulement les critères traditionnels de « réversibilité » et « d’insight » sont insuffisants, mais que le principe même d’une différence entre état « modifié » et « pathologique » doit être remis en cause. En nous inspirant de la philosophie de Wittgenstein nous tenterons ainsi de mettre en évidence que la description des hallucinations comme « pathologiques » relève d’un « jeu de langage » propre à la psychiatrie et, par suite, étranger à l’étude des EMC.
Pour citer cet article :
Frerejouan Mathieu (2017/1). L’hallucination, entre modification et pathologie de la conscience. In Dumas Guillaume & Fortier Martin & González Juan C. (Eds), Les états modifiés de conscience en question: anciennes limites et nouvelles approches, Intellectica, 67, (pp.63-80), DOI: 10.3406/intel.2017.1835.