La vie est-elle naturalisable ?

Nous proposons un modèle philosophique pour naturaliser la vie, comme propriété fondamentale des systèmes biologiques. Notre modèle fait apparaître la viecomme une forme d’organisation du second ordre (Varela, Maturana, Uribe, 1974). La vie est propre à un système qui ne boucle pas simplement sur des états physiques, mais en même temps sur des fonctions biologiques, ou encore des contraintes (Mossio & Montévil 2015, 2020). Nous proposons d’abord d’élargir le concept de clôture opérationnelle inventé et analysé par ces auteurs. Tout système biologique est en effet pour nous hétéronome, parce qu’il fonctionne à plusieurs niveaux d’organisation interdépendants les uns des autres, de telle sorte qu’il ne peut boucler sur lui-même qu’en se recomposant continuellement. Voilà pourquoi il peut faire émerger en lui de nouvelles fonctions, et non pas simplement assurer la maintenance de celles qui existent déjà. Ensuite, nous montrons pourquoi un système biologique hétéronome et normatif a des propriétés temporelles spécifiques. Il est notamment capable de mémoire et d’anticipation, même si ces dernières propriétés sont spontanées, et non pas réfléchies, comme chez les humains. Nous montrons comment de telles propriétés peuvent être pensées sans l’introduction d’aucune entité supranaturelle.