N°85 - 2026/2

Contributions des sciences cognitives à la lutte contre la crise environnementale

Chaumon Maximilien, N'Diaye Karim
Appel à contributions pour un numéro spécial d'Intellectica

Titre du numéro : Contributions des sciences cognitives à la lutte contre la crise environnementale.

Les sciences cognitives ne sont que peu représentées dans la lutte contre le changement climatique et la crise environnementale, pourtant, par leur nature fondamentalement interdisciplinaire, elles pourraient offrir des outils méthodologiques et conceptuels puissants pour la compréhension et l’action face à la crise environnementale. C'est du moins le pari de ce numéro spécial de la revue Intellectica.

Plus spécifiquement, ce numéro spécial a pour objectif d’explorer les apports, les atouts et les limites des sciences cognitives face au défi majeur que représente la crise écologique en montrant comment ces disciplines peuvent intervenir dans :
- La compréhension des causes et des mécanismes cognitifs à l’origine des comportements écologiquement problématiques ;
- L’atténuation des impacts de la crise environnementale via l’adaptation des comportements, des systèmes de décision, des dispositifs d’apprentissage voire des modalités même de la recherche cognitive ;
- L’inflexion du cours de la crise, par la mobilisation individuelle et collective, la transformation des représentations ou l’innovation dans les modes d’action.

Y sont bienvenues toutes les contributions en lien avec la compréhension des causes des comportements humains, permettant de cerner les ressorts de l’inaction, les effets des automatismes cognitifs, les stratégies de régulation émotionnelle face à des informations menaçantes, ou encore les dynamiques d’imitation, de conformisme ou de dissonance sociale. Les cognitions dites incarnée, située ou distribuée offrent également des perspectives précieuses pour penser d’autres rapports à l’environnement, moins anthropocentrés. Cet appel invite donc aussi les auteur.e.s à développer des réflexions sur le rapport au vivant et la connexion à la nature dans une perspective de sciences cognitives.

Les travaux sur les leviers pour favoriser l’adaptation face à la crise sont encore mal connus, en particulier dans le monde francophone. Ce numéro spécial est donc ouvert à des contributions sur l’optimisation des systèmes de décision et l’efficience des systèmes cognitifs artificiels, l’ergonomie d’environnements favorables à l’apprentissage et au changement de comportement, et plus généralement la conception d’interfaces et d’outils cognitifs (numériques, robotiques ou autres) favorisant la soutenabilité, la sobriété ou la durabilité.

Au sein des sciences cognitives, les sciences humaines et sociales fournissent des outils intellectuels pour penser et documenter les mobilisations, ou la transformation des représentations du monde et l’innovation dans les modes d’action collectifs. Le numéro spécial est ainsi ouvert à des propositions transdisciplinaires explorant notamment la construction de récits communs, la formation d’identités collectives engagées, la coordination entre acteurs, ainsi que les mécanismes cognitifs, émotionnels et perceptifs impliqués dans l’action militante.

A contrario, les sciences cognitives sont souvent critiquées pour leur focalisation sur l’individu, notamment dans leur manière de concevoir les comportements et les décisions. Cet individualisme méthodologique peut s’avérer insuffisant, voire problématique, face à une crise environnementale qui engage des dimensions profondément sociales, culturelles et systémiques. Ce numéro spécial invite donc tout particulièrement des contributions qui prennent en compte ou interrogent la dimension sociale, collective, politique et institutionnelle des réponses à la crise mais aussi dans quelle mesure les sciences cognitives, dans leurs dimensions intellectuelles et pratiques, voire axiologiques, participent aussi de cette crise systémique. Sont encouragés les travaux intégrant les analyses critiques et épistémologiques des modèles individualistes ou réductionnistes, ainsi que les propositions méthodologiques ou théoriques permettant de dépasser ces limites.

Les contributions sont invitées sur les thématiques suivantes (liste non exhaustive) :
- Automatismes cognitifs, émotions et décisions environnementales
- Perception, représentation et cognition de l’environnement
- Impact du changement climatique sur les fonctions cognitives et la santé mentale humaines
- Apports et limites des neurosciences cognitives face à la crise écologique
- Le rapport au(x) vivant(s) : Neurophénoménologie, introspection et connexion
- Psychologie cognitive et sciences comportementales : promesses et limites pour la transition écologique
- Dimensions cognitives des mouvements sociaux écologistes et des nouveaux récits
- Approches cognitives de la communication et de l’éducation à l’environnement
- Technosolutionnisme, idéologies du progrès et histoire des mentalités
- Sociologie et épistémologie critique des sciences cognitives
- Conception d’interfaces et technologies pour la durabilité
- Écologie politique et études sociales de la cognition environnementale

Les contributions peuvent s’appuyer sur des approches expérimentales, théoriques, critiques, ou encore méthodologiques, et nous encourageons les croisements disciplinaires.

Modalités de soumission

Nous accueillons des propositions de formats variés (articles de recherche, synthèses, essais critiques, etc.), entre 12 et 20 pages, rédigées en français ou en anglais, comme précisé sur le site de la revue Intellectica !

Instructions complètes aux auteurs
https://intellectica.org/fr/auteurs
Envoyez votre manuscrit ou vos questions à : soumission@intellectica.org

Date limite de soumission des propositions (envoyer titre + résumé d’environ 500 mots aux coordinateurs référencés ci-dessous) : 30 novembre 2025
Date limite de soumission des articles complets : mars 2026
Parution prévue du numéro : décembre 2026

Coordinateurs du numéro :
Maximilien Chaumon, Ph.D., Institut du Cerveau, Paris
maximilien.chaumon@icm-institute.org
Karim N'Diaye, Ph.D., Institut du Cerveau, Paris
karim.ndiaye@icm-institute.org